Constellation
du CANCER
4 000 ans avant notre ère, le Cancer s'appelait la Tortue chez les Babyloniens et le Scarabée chez les Égyptiens.
2 000 ans plus tard, elle fut appelée καρκινος (karkinos) par les Grecs, terme qui fait plutôt référence à une écrevisse qu'à un crabe, terme d'ailleurs repris par Diderot dans son encyclopédie.
Cette racine commune trouve son origine dans l'analogie avec la démarche à reculons du crabe tandis qu'il y a 20 siècles, le soleil atteignait son équinoxe dans le Cancer avant de commencer à décliner.
La constellations du Cancer. Planche de l'Atlas Céleste comprenant une série de trente cartes illustrées par une description scientifique de leur contenu et accompagnées de catalogues d'étoiles et d'exercices astronomiques. Alexander Jamieson. 1822
Montrant peu d'étoiles, avec des étoiles les plus brillantes n'atteignant que la 4ème magnitude, le Cancer est souvent considéré comme le « signe sombre », étrangement décrit comme noir et sans yeux. Dante fait allusion à son faible éclat dans les cieux dans Le Paradis :
Un éclat s’alluma soudainement entre elles
tel que, si le Cancer possédait ce bijou,
l’hiver serait un mois qui n’aurait qu’un seul jour
(chant 25)
Le Cancer était l'emplacement de la position la plus septentrionale du Soleil dans le ciel (ie. le solstice d'été) de l'Antiquité. Actuellement, le solstice d'été se trouve dans le Taureau en raison de la précession des équinoxes (vers le 21 juin). C'est aussi le moment où le Soleil au zénith à 23,5 ° N, le parallèle connu sous le nom de Tropique du Cancer.
Dans la mythologie grecque, le Cancer représente le crabe qui est apparu pendant qu'Héraclès/Hercule combattait l'hydre, mais les Grecs l'appelaient "La porte des hommes", car selon eux, c'est par cette constellation que les âmes venaient prendre possession des corps à la naissance.
La constellation du Cancer représentée dans 'Les étoiles et les curiosités du Ciel' de Camille Flammarion - 1882, selon l'atlas de Bode
MYTHOLOGIE
Dans la mythologie grecque, le Cancer est à rapprocher au mythe des 12 travaux d'Hercule, demi-dieu et héros célèbre par sa force, son courage et ses nombreux exploits légendaires. Hercule est le nom latinisé du héros grec Héraclès ("la gloire d'Héra"). D'abord prénommé Alcide (patronyme tiré du nom de son grand-père, Alcée fils de Persée), il était le fils du dieu Zeus et d'Alcmène, épouse du général thébain Amphitryon. Or Héra, l'épouse de Zeus, ivre de jalousie, était déterminée à tuer les rejetons de son époux infidèle. Elle sera sa pire ennemie tout au long de sa vie.
Une autre légende concernant Héra, Zeus et Hercule raconte que Zeus fit téter le sein de sa femme à Hercule, mortel, alors qu'elle était endormie, car c'était la condition pour que le futur héros obtienne l'immortalité. Lorsque qu'elle se réveilla, elle arracha le nourrisson illégitime de son sein et une giclée de lait se répandit dans le ciel formant "la Voie Lactée", en grec : Galaxias.
Héra donnera douze (initialement 10, cf. la constellation d'Hercule) tâches à Hercule, dans l’espoir de prouver à Zeus qu’Hercule ne méritait pas son amour. La deuxième de ces 12 tâches consistait à tuer l'Hydre, un monstre au corps de serpent avec de nombreuses têtes venimeuses (se référer à la constellation de l'Hydre) . Une fois une tête coupée, deux repoussaient à la place. Pour gêner Hercule dans son combat, Héra envoya le homard/l'écrevisse/le crabe.
Dans une première version, il est dit que lorsque le Cancer essaya de tuer Hercules alors qu’il était occupé à combattre l'Hydre, mais Hercule lui donna un formidable coup de pied et le projeta dans les cieux. Dans un seconde version, Hercule écrasa le Cancer, qu'Héra mit alors au ciel en reconnaissance de ses efforts, mais le plaça dans une zone du ciel ne contenant que peu d’étoiles brillantes car, malgré tout, il avait échoué.
Représentation du Cancer par Sidney Hall dans l'Urania"s mirror, un jeu de cartes célestes accompagné d'un manuel de vulgarisation sur l'astronomie par Jehoshaphat Aspin. Londres. Carte astronomique, tirage sur carton. Eau-forte, coloriée à la main.
Le symbole moderne du Cancer représente les pinces d'un crabe, mais le Cancer a souvent été représenté par des créatures de l'eau et / ou présentant un exosquelette.
Dans les archives égyptiennes d'environ 2000 avant JC, il était décrit comme le Scarabaeus, l'emblème sacré de l'immortalité.
En Babylonie, la constellation était connue sous le nom de MUL.AL.LUL, un nom qui peut désigner à la fois un crabe et une tortue serpentine. Sur les bornes, l'image d'une tortue ou d'une tortue marine apparaît assez régulièrement et il est probable qu'il s'agissait du cancer car aucun crabe n'a jamais été découvert sur aucun de ces monuments. Il semble également y avoir un lien fort entre la constellation babylonienne et les idées de la mort et d'un passage aux enfers, qui peut être à l'origine de ce concept dans les mythes grecs ultérieurs associés à Hercule et à l'Hydre.
Au 12ème siècle, un manuscrit astronomique illustré le montre comme un coléoptère d'eau. Albumasar décrit le signe astrologique dans Les Fleurs d'Abu Ma'shar.
Une traduction latine de 1488 décrit le Cancer comme une grande écrevisse, qui est également le nom de la constellation dans la plupart des langues germaniques.
Jakob Bartsch et Stanislaus Lubienitzki, au 17ème siècle, l'ont décrit comme un homard.
Richard Allen, dans Les noms des étoiles et leurs significations, liste les noms du Cancer comme suit :
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Dans la Grèce antique, Aratus l'appelait Καρκινος (Karkinos), suivi par Hipparque et Ptolémée.
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Les tables Alfonsines le référencèrent comme Carcinus, une forme latinisée du nom grec.
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Ératosthène a étendu le nom en Καρκινος, Ονοι, και Φατνη (Karkinos, Onoi, kai Fatne) : Le Crabe, Les Ânes et La Crèche.
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Dans la Rome antique, Manille et Ovide l'appelaient Litoreus (habitant le rivage, du littoral).
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Astacus et Cammarus apparaissent aussi dans divers écrits classiques, tandis qu'il est appelé Nepa dans le De Finibus de Cicéron et les œuvres de Columelle, Plaute et Varron;
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Au final, tous ces mots se réfèrent à des crustacés (crabe, homard ou écrevisse) ou à un scorpion. (Columelle)
Le Cancer dans le Firmamentum sobiescianum, par Johannes Hevelius, 1690
Constellation du Cancer dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690.
Le Cancer par Johann Bayer dans l'Uranometria (1603)
En Égypte copte, le Crabe s'appelait Κλαρια (Klaria), la Bestia seu Statio Typhonis (le Pouvoir des Ténèbres) et était probablement apparenté à Anubis, divinité égyptienne généralement associée à Sirius.
Le sanskrit partage un ancêtre commun avec le grec, et le nom sanscrit du Crabe est Karka et Karkata.
En Télougou (langue dravidienne du sud de l'Inde), c'est "Karkatakam", en Kannada (l'une des plus anciennes langues dravidiennes), "Karkataka" ou "Kataka", en Tamoul Karkatan et en Cinghalais Kagthaca.
Les Hindous le connaissaient comme Kulira, du grec Κολουρος (Kolouros), terme utilisé par Proclus.
Le Cancer vu par l'astronome allemand Johann Elert Bode (1747-1826) en 1801. Sur 20 grandes gravures sur cuivre Bode a inclus plus de 17 000 étoiles, bien plus que n'importe quel atlas précédent. Il y a représenté plus de 100 constellations, contre 88 officiellement reconnues aujourd'hui. Parmi celles qui sont apparues dans cet atlas mais qui ne sont pas officiellement reconnues aujourd'hui, on trouve le Chat, la Presse à Imprimer, le Ballon Montgolfier et le Générateur Electrique (constellations alors récemment inventées par Hevelius et Lacaille). Bode avait également inclus 2 500 « nébuleuses », cataloguées par William Herschel.
Les étoiles du Cancer
ACUBENS
α Cancri, également appelé Acubens, est un système stellaire de magnitude apparente de 4,20 situé à environ 174 années-lumière. Bien que portant la désignation Alpha, Acubens n'est en réalité que la quatrième étoile la plus brillante de la constellation. Son nom traditionnel est dérivé de l'arabe الزبانى al zubanāh qui signifie« Les Griffes » (ainsi que son autre nom, Sertan, une translittération d’al-saraṭān « Le Crabe »). Elle est 23 fois plus lumineuse que le Soleil, de classification stellaire A5m.
Acubens est une étoile blanche de la séquence principale de type spectral A5, mais son spectre électromagnétique est particulier, puisqu'il possède des raies d'absorption très marquées correspondant à certains métaux, tels le zinc, le strontium, le zirconium, le baryum et bien d'autres encore, d'où sa classification A5m, le « m » signifiant métallique.
Acubens est un système quadruple, constitué d'un couple principal comprenant deux membres probablement très semblables séparés de 0,1 seconde d'arc (soit l'équivalent de 5,3 unités astronomiques sous réserve de la distance de 174 années-lumière), ses deux membres étant deux étoiles blanches de la séquence principale de type A5m ayant chacune une masse d’environ le double de celle du Soleil et orbitant l'une autour de l'autre en approximativement 6 ans. Orbitant autour de ce couple principal se trouve une autre binaire séparée par 11 secondes d'arc (soit 600 UA), composée de deux étoiles de classe M, de magnitude apparente +12, la période orbitale autour de la première paire étant d'au moins 6300 ans.
Altarf
β Cancri est l'étoile la plus brillante de la constellation zodiacale du Cancer. Elle porte le nom traditionnel Altarf ou encore al-Tarf, translittération de l'arabe signifiant « la Pointe » ou " Le Bord" . Située à environ 290 années-lumière de la Terre, elle a une magnitude visuelle apparente de +3,5 et une magnitude absolue de −1,2.
β Cancri est une étoile géante orange, précisément du type K4 III3, de magnitude apparente +3,50 et de magnitude absolue -1,31 dans le visible qui rayonne 50 fois plus que le Soleil. La notation « Ba0.5 » derrière sa classe de luminosité indique qu'il s'agit d'une étoile à baryum, qui montre un enrichissement en baryum dans son spectre.
Elle possède deux compagnons de 14e magnitude, désignés β Cancri B et C. β Cancri B est une naine rouge. Elle partage un mouvement propre commun avec β Cancri A et lui est probablement physiquement liée. ELle serait située à environ 2600 ua de l’étoile primaire et il lui faut 76 000 ans pour compléter son orbite.
Beta Cancri A est l'objet primaire d'un système planétaire dont l'unique objet secondaire connu est Beta Cancri b, une planète confirmée d'une masse minimale d'environ 7,8 fois celle de Jupiter et de période orbitale de 605 jours.
Asellus Borealis
γ Cancri est un système multiple composé d'un binaire spectroscopique, dont les composants sont appelés Gamma Cancri Aa et Ab, et d'un compagnon, Gamma Cancri B. Sa magnitude apparente visuelle est de 4,7, mais elle demeure aisée à repérer du fait qu'elle est située dans une région du ciel relativement pauvre en étoiles brillantes, et aussi parce qu'elle est à proximité du célèbre amas ouvert M44 (ou Praesepe), facile à repérer quand les conditions d'observation sont bonnes. C'est une étoile sous-géante blanche de type spectral A1IV3. Sa luminosité est 36 fois supérieure à celle du Soleil et sa température de surface est de 9108 K. Modérément proche du Soleil, à environ 181 a.l. (55,6 ± 0,6 pc), elle est animée d'un mouvement propre moyen, d'environ 115 millisecondes d'arc par an.
Puisqu'il est proche de l'écliptique, elle peut être occultée par la Lune et, très rarement, par les planètes.
Elle portait le nom traditionnel Asellus Borealis (du latin « Petit Âne du Nord »), qui est devenu le nom officiel du composant Gamma Cancri Aa. Elle forme les Aselli (« les Ânes »), flanquant Praesepe avec :
- δ Cancri, aussi appelée Asellus Australis,
- γ Cancri, aussi appelée Asellus Borealis,
- θ Bootis, aussi appelée Asellus Primus,
- ι Bootis, aussi appelée Asellus Secondus,
- κ2 Bootis, aussi appelée Asellus Tertius.
Dans l'astronomie chinoise, le nom de γ Cancri est « la Troisième Etoile du Fantôme » (鬼 宿 三, Guǐ Xiù sān), faisant référence à l’astérisme du Fantôme (鬼 宿, Guǐ Xiù) composé de Theta Cancri, Eta Cancri, Gamma Cancri et Delta Cancri.
Asellus Australis
δ Cancri est une étoile relativement proche du Soleil, située à environ 130 a.l. (40,0 ± 0,4 pc) de magnitude apparente 3,94 animée d'un mouvement propre significatif, d'environ 230 millisecondes d'arc par an. Elle s'éloigne du Soleil avec une vitesse radiale de +16 km/s. Connue sous le nom traditionnel d'Asellus Australis, elle possède deux compagnons optiques (càd. qui ne sont pas liées physiquement à δ Cancri) désignés δ Cancri B et C. Située à proximité immédiate du plan de l'écliptique, elle est l'objet de conjonctions fréquentes avec les planètes ou la Lune, cette dernière étant même susceptible de l'occulter.
δ Cancri est une géante orangée de type spectral K0III âgée d'environ 2,5 milliards d'années. Il s'agit très probablement d'une étoile qui fait partie du red clump (ou grumeau rouge, une zone du diagramme de Hertzsprung-Russell correspondant aux géantes rouges de population I) qui fusionne l'hélium de son cœur en carbone. Elle est environ 1,7 fois plus massive que le Soleil mais son rayon est désormais onze fois plus grand que celui du Soleil. Elle est 52 fois plus lumineuse que le Soleil, avec une température de surface de 4 637 K. L'étoile tourne sur elle-même avec une vitesse de rotation projetée de 2,8 km/s et il lui faut environ 240 jours pour compléter une rotation.
En astronomie chinoise, elle fait partir de la Loge Lunaire Yugui.
Eta Cancri
η Cancri est une étoile de magnitude apparente faible à 5,34 du fait de son éloignement et de sa magnitude absolue modérée (+0.44), ce qui en fait une étoile difficile à observer quand les conditions d'observation ne sont pas favorables. Sa proximité avec M44 la rend cependant plus facile à localiser. Plutôt éloignée du Soleil pour une étoile visible à l'œil nu (près d'une centaine de parsecs, soit plus de 300 années-lumière), elle est animée d'un mouvement propre faible, d'environ 60 millisecondes d'arc par an. Elle s'éloigne du Soleil avec une vélocité radiale de +22.46 km/s.
De type spectral est K3III, son âge est estimé à 3,9 milliards d'années, et elle a quitté la séquence principale pour devenir une géante évoluée. Son spectre montre des raies d'absorption inhabituellement fortes du cyanogène. Elle est 1,5 fois plus massive que le Soleil et s'est étendu à 17 fois le rayon du Soleil. Elle rayonne 87 fois la luminosité du Soleil depuis sa photosphère à une température effective d'environ 4 415 K.
Dans l'astronomie chinoise, elle est appelée La Deuxième Etoile du Fantôme (鬼 宿 二, Guǐ Xiù èr), faisant référence à l’astérisme du Fantôme composé de Theta Cancri, Eta Cancri, Gamma Cancri et Delta Cancri.
Située à proximité immédiate du plan de l'écliptique, elle est comme ses consœurs δ Cancri et γ Cancri l'objet de conjonctions fréquentes avec les planètes ou la Lune, cette dernière étant même susceptible de l'occulter.
Photos du ciel par Akira Fujii, dessin des constellations, Jean-Brice Gayet
essaims météoritiques DU CANCER
LES DELTA CANCRIDES
Les Delta Cancrides sont une pluie d'étoiles filantes d'intensité moyenne qui dure du 14 décembre au 14 février, le pic d'activié étant du 1er au 24 janvier. Son radiant est situé près de Delta Cancri. Elle culmine le 17 janvier de chaque année, avec seulement quatre météoroïdes par heure. Elle a été observée pour la première fois en 1872, mais la première preuve solide de son existence date de 1971. La source de cette pluie d'étoiles filantes est inconnue ; il a toutefois été noté qu'elle était similaire à l'orbite de l'astéroïde 2001 YB5.