Constellation
de PEGASE
Pégase est une constellation du ciel boréal, nommée d'après Pegasus, le cheval ailé de la mythologie grecque, l’une des figures mythologiques les plus emblématiques de l’antiquité.
Ayant pour père Poséidon, Pégase naît avec son frère Chrysaor du sang de la Gorgone Méduse, lorsqu'elle est décapitée par le héros Persée.
Peut-être issu d'un ancien dieu des orages de la mythologie hittite portant l'épithète de Pihassassa, Pégase voit une partie de son mythe passer des peuples louvitophones aux anciens Grecs. D'autres théories évoquent l'observation des forces naturelles, de l'eau, de la foudre ou des oiseaux, ou encore la domestication du cheval. Le mythe de Pégase connait une large diffusion dans le monde antique ; repris par les Romains, il est partiellement christianisé et fait l'objet de nombreux commentaires, de théories et de reconstitutions depuis le Moyen Âge.
Constellation de Pégase dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690.
On y a découvert douze systèmes d'étoiles possédant des exoplanètes et 51 Pegasi a été la première étoile semblable au Soleil chez qui a été découvert une exoplanète.
Photographie de la constellation par Akira Fujii (@David malin)
Superposition UAI Jean-Brice Gayet
Couvrant 1121 degrés carrés, Pégase est la septième plus grande des constellations. C'était déjà l'une des 48 constellations répertoriées par l'astronome Ptolémée et reste l'une des 88 constellations reconnues aujourd'hui. Ses limites officielles telles que définies par l'astronome belge Eugène Delporte en 1930 sont définies comme un polygone de 35 segments. La constellation se dessine facilement à partir du Grand carré de Pégase ; les trois étoiles les plus brillantes de la constellation forment avec α And (Alpheratz) un astérisme appelé le « Carré de Pégase », caractéristique de la constellation et qui se reconnaît d’autant plus facilement par l'absence d'étoile significative dans son périmètre.
Cette constellation est remarquable pour visualiser le quadrillage de la voûte céleste :
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Le bord « gauche » du carré marque le méridien origine (qui passe par le point gamma, intersection de l'équateur céleste et de l'écliptique).
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L'écart entre deux bords « verticaux » est de 15 degrés, ce qui permet de visualiser le déplacement angulaire de la voûte céleste en 1 H.
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Les deux bords « horizontaux » sont à 15° et 30°N, ce qui permet de situer l'équateur céleste.
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Le « corps » du cheval est constitué d'un quadrilatère formé par les étoiles α Peg, β Peg, γ Peg et α And. Les pattes avant du cheval ailé sont formées de deux lignes tordues d'étoiles, l'une menant de η Peg à κ Peg et l'autre de μ Peg à 1 Pegasi. Une autre ligne tordue d'étoiles allant de α Peg via θ Peg à ε Peg forme le cou et la tête; ε est la bouche.
Elle descend de la constellation babylonienne IKU (« le champ » ), qui avait quatre étoiles dont trois feront plus tard partie de la constellation grecque Hippos (Pegasus).
Les limites de Pegase dans le Sky Atlas 2000.0 de Tirion
Le nom mentionné dans les premiers poèmes en grec ancien est Πήγασος, qui a lui-même donné Pếgasos et Pegasus en latin, puis le nom propre « Pégase » en français. Les auteurs greco-latins attribuent de nombreuses épithètes à Pégase, parmi lesquelles Hyios gorgoneus (« le fils de la Gorgone »), equus Gorgoneus (« le cheval de la Gorgone »), prœpes Médusae ; Peirenœos polos (« le cheval de Pirène ») ; equus Bellerophonteus (« le cheval de Bellérophon ») ; ales (« l'ailé ») ; aerlus equus, (« le cheval ailé ») et sonipes (« au pied sonore »). Selon le poète grec Hésiode, le nom Pếgasos provient du grec ancien πηγή / pêgế, qui signifie « source » ou « fontaine » :
« Et celui-ci fut ainsi nommé parce que ce fut près des sources Océaniennes qu'il naquit »
Hésiode, Théogonie , vers 280
Le nom de Pégase signifierait en grec ancien « de la source » (pêgê) ou « de la source jaillissante », et se rapproche du mot « source » ainsi que du concept d'eau. Certains philologues attribuent à ce nom une origine carienne (région historique du Sud-Ouest de l'Asie mineure, située entre la Lycie à l'est, la Pisidie au nord-est, la Lydie au nord et la mer Égée au sud-ouest qui correspond à l'actuelle région de Bodrum au sud-ouest de la Turquie). Pégase est en effet associé aux sources et aux fontaines ; selon la légende, la source Hippocrène de l'Hélicon et une source près de Trézène auraient jaillies sous son sabot. Toutefois, pour d'autres spécialistes, le suffixe -asos suggèrerait une origine pré-grecque du nom, renvoyant à une périphrase pour désigner un animal blanc porteur de foudre. Mais il se pourrait que le nom de Pégase dérive du même radical qu'un verbe et un adjectif indo-européen signifiant « épais » et « fort », et pourrait être rapproché du sanscrit védique pâjas, signifiant « force » et « puissance ». Et l'étude du langage proto-indo-européen suggère que le mot d'origine pour cheval, *h₁éḱwos (anciennement reconstitué sous la forme *ekuo-), a donné le hiéroglyphe hittite asu ou asuwa. Le *-k- de *ekwo- se serait changé en -s- dans les langues anatoliennes. De la même façon, il est possible de faire un rapprochement récent entre le nom Πήγασος et le louvite pihassas, qui signifie « éclair ». Pihassasas était soit une divinité, soit une épithète pour le dieu des tempêtes Tarhu. Il semble que la racine piha- ait désigné la luminosité et la splendeur.
Constellation de Pégase. Carte des étoiles de 1776. Atlas Céleste de Flamsteed de Fortin
L’hypothèse la plus largement reconnue par les historiens au début du XXIème siècle est celle que le mot Pégase est d'origine asiatique, le mythe de Pégase étant vraisemblablement issu des dieux lyciens et assyriens. Les premières représentations connues de chevaux ailés sont le fait des proto-hittites, datant du XIXe siècle av. J.-C. Il est possible que le mythe se soit répandu chez les Assyriens ensuite, puis ait gagné l'Asie mineure et la Grèce. En se fondant sur les travaux des philologues et des hittitologues, il semble que Pégase soit issu d'une ancienne divinité des orages connue des peuples louvitophones, avec influence des Perses. Une grande partie du mythe de Pégase et de Bellérophon évoque des aventures en Lycie (Asie Mineure), illustrant les liens particuliers de cette région avec la cité de Corinthe, dont Pégase était l'un des emblèmes.
D'autres théories voient dans Pégase un être totalement imaginaire, issu de l'observation des forces naturelles (orages, cours d'eau rappelant la course du cheval, etc.) et des oiseaux dont les ailes sont une métaphore de rapidité, et auraient donné naissance à la figure du cheval ailé dans plusieurs régions du monde.
Enfin, Plutarque voyait en pégase une allégorie du combat naval, si ce n’est un simple navire. Dans ses Œuvres morales, il livre une version du mythe dépouillée de tout aspect fantastique : Bellérophon était un prince de Lycie et la Chimère un capitaine pirate du nom de Chimarros, qui causait de nombreux dommages aux Lyciens avec son bateau orné d'un lion à la proue et d'un dragon à la poupe. Bellérophon le prit en chasse avec Pégase, et le tua. Plus tard, il fut évoqué que la Méduse soit l’un des cinq navires de la flotte de Phorcis, prince phénicien et roi d'Ithaque. La tête de Méduse représenterait le commandant du vaisseau tué, et Chrysaor et Pégase deux personnages libérés du vaisseau.
Dans la Perse ancienne, Pégase était représenté par al-Soufi comme un cheval complet faisant face à l'est, contrairement à la plupart des autres uranographes qui avaient représenté Pégase comme la moitié d'un cheval sortant de l'océan. Dans la représentation d'al-Soufi, la tête de Pégase est composée des étoiles du Lézard (Lacerta). Sa patte antérieure droite est représentée par β Peg et sa patte antérieure gauche est représentée par η Peg, μ Peg et λ Peg; ses pattes postérieures sont marquées par 9 Peg. Le dos est représenté par π Peg et μ Cyg, et le ventre est représenté par ι Peg et κ Peg.
Photographie de la constellation par Akira Fujii (@David malin)
Traitement UAI Jean-Brice Gayet
Mythologie
De toutes les créatures fantastiques de la mythologie grecque, Pégase figure parmi les plus connues. La plus ancienne source écrite est celle d'Hésiode, au IXème ou VIIIème siècle av. J.-C., qui parle de la naissance de Pégase et de la Chimère dans sa Théogonie : Pégase est considéré comme le fils du dieu Poséidon et de la Gorgone Méduse, Hésiode disant que « Poseidaôn (Poséidon) aux cheveux noirs s'unit à Médousa (Méduse) dans une molle prairie, sur des fleurs printanières ». une traduction plus récente de l'épithète « aux cheveux noirs » par « sombre-crinière » sous-entend que Poséidon aurait pris la forme d’un cheval pour s'unir à Méduse.
Ovide raconte plus en détail sa naissance dans les Métamorphoses :
" Clarissima forma
multorumque fuit spes inuidiosa procorum
illa, neque in tota conspectior ulla capillis
pars fuit ; inueni, qui se uidisse referret.
Hanc pelagi rector templo uitiasse Mineruae
dicitur ; auersa est et castos aegide uultus
nata Iouis texit ; neue hoc inpune fuisset,
Gorgoneum crinem turpes mutauit in hydros."
"Très célèbre pour sa beauté,
Méduse éveilla l'espoir jaloux de nombreux prétendants
et, de toute sa personne, rien n'était plus remarquable
que sa chevelure ; j'ai connu quelqu'un qui disait l'avoir vue.
Le maître de la mer l'aurait outragée dans le temple de Minerve
la fille de Jupiter se détourna, dissimula derrière son égide
son chaste visage et, pour ne pas laisser cet acte impuni,
transforma les cheveux de la Gorgone en hydres affreuses "
Ovide, Les Métamorphoses, chant IV vers 794-801
À la suite de sa métamorphose, Méduse se met à dévaster la contrée avec ses deux sœurs. Persée se voit confier par Polydecte la mission de tuer la gorgone Méduse, seule mortelle des trois gorgones. Deux êtres, Pégase et Chrysaor, sont alors libérés du corps de Méduse lorsque Persée lui tranche la tête d’un coup d’épée. Hésiode dit de cet épiside que « lorsque Perseus lui eut coupé la tête, le grand Khrysaôr naquit d'elle, et le cheval Pegasos aussi » (version similaire à celle du Pseudo-Appolore). Selon les Métamorphoses toutefois, Pégase naît du sang de sa mère :
" dumque grauis somnus colubrasque ipsamque tenebat,
eripuisse caput collo pennisque fugacem
Pegason et fratrem matris de sanguine natos. "
" et tandis qu'elle et ses vipères dormaient d'un lourd sommeil,
il lui avait séparé la tête du cou ; ensuite, du sang de leur mère
étaient nés Pégase aux ailes rapides et son frère. "
Ovide, Les Métamorphoses, chant IV vers 784-786
La constellation de Pégase. Planche XII, A Celestial Atlas comprenant une série de trente cartes illustrées par une description scientifique de leur contenu et accompagnées de catalogues d'étoiles et d'exercices astronomiques. Alexander Jamieson. 1822
Par la suite, deux grands mythes seront rattachés à Pégase.
Le premier traduit le lien étroit qui existe entre Pégase et la source Hippocrène (du grec hippos, « cheval », et krênê, « source », qui signifie la « source du cheval »), qui est aussi la source des Muses. D'après les Métamorphoses, l'Hippocrène était si célèbre que la déesse Athéna s'y rendit pour l'admirer. Guidée par Uranie, la muse de l’astronomie, Athéna s’approcha des eaux et s'en fit raconter l'histoire :
« Pallas […] se dirige vers Thèbes et vers l’Hélicon, séjour des chastes Muses. Elle s’arrête sur ce mont, et tient ce langage aux doctes sœurs : “La Renommée a porté jusqu’à mes oreilles la nouvelle de cette fontaine que Pégase aux ailes rapides a fait jaillir de terre sous ses pieds vigoureux ; elle est l’objet de mon voyage : j’ai voulu voir cette merveille opérée par le coursier qui naquit sous mes yeux du sang de sa mère”. Uranie lui répond : “Quel que soit le motif qui te fait visiter nos demeures, ô déesse ! ta présence remplit nos âmes de joie ; la Renommée dit vrai : c’est à Pégase que nous devons cette source.” À ces mots, elle conduit Pallas vers l’onde sacrée. La déesse admire longtemps ces eaux que le pied de Pégase a fait sortir de la terre […] »
Ovide, Métamorphoses, V, 250
La raison pour laquelle Pégase a créé cette source diffère selon les auteurs. Ovide précise dans ses Fastes que le cheval venait protester contre son étrange bridage par Bellérophon, et que son sabot de lumière creusa la source. Pour Antoninus Liberalis, lorsque les Muses chantaient, le ciel, les étoiles, la mer et les rivières s'arrêtaient, tandis que le mont Hélicon, séduit par le plaisir d'entendre leurs voix, enflait jusqu'à atteindre le ciel. Par la volonté de Poséidon, Pégase frappa le sommet du mont de ses sabots et celui-ci reprit une taille normale.
Aratos de Soles évoque dans ses Phénomènes « celui qui a été, dit-on, à l'origine de l'eau claire de l'Hippocrène » : le cheval frappa de son pied droit et aussitôt l'eau jaillit. De nombreux autres auteurs gréco-latins parlent de cet épisode, notamment Strabon qui évoque une roche sous la montagne que Pégase aurait brisée d'un coup de sabot. Nonnos de Panopolis parle « de la fontaine qui naquit à l'endroit où le sabot humide du cheval gratta la surface de la terre et fit un creux pour l'eau qui prit son nom de lui ».
Une tradition attribue aux eaux de la source Hippocrène la faculté de changer en poète ceux qui en boivent, mais elle est postérieure à l'Antiquité.
Le second mythe relate l'histoire de Pégase mêlée à celle du héros grec Bellérophon. Bellérophon avait reçu du roi de Lycie l'ordre de tuer un monstre terrible, " lion par devant, serpent par derrière et chèvre entre les deux " crachant du feu, la Chimère. Il ne pouvait reparaître à la cour de Lycie, avant que ce soit fait, sous peine de mort. Désemparé, il trouva un devin, Polydectès, qui lui conseilla de sacrifier un taureau à Poséidon et de passer une nuit dans le temple d'Athéna, ce qu'il fit. La déesse lui apparut dans ses rêves pour lui remettre une bride d'or. Le lendemain, Bellérophon trouva Pégase près de la fontaine de Pirène où il aimait s'abreuver et le maîtrisa grâce à l'objet. Il le fit voler jusqu'au mont Hélicon.
Les Olympiques de Pindare rapportent la capture de Pégase par Bellérophon :
« Bellérophon brûlait du désir de dompter Pégase qui devait le jour à l'une des Gorgones, aux cheveux hérissés de serpents ; mais ses efforts furent inutiles jusqu'au moment où la chaste Pallas lui apporta un frein enrichi de rênes d'or. Réveillé en sursaut d'un sommeil profond, il la voit apparaître à ses yeux et l'entend prononcer ces paroles : Tu dors, roi, descendant d'Éole ! Prends ce philtre, seul capable de rendre les coursiers dociles ; après l'avoir offert à Neptune (Poséidon), ton père, immole un superbe taureau à ce dieu si habile à dompter les coursiers.
La déesse à la noire égide ne lui en dit pas davantage au milieu du silence de la nuit. Bellérophon se lève aussitôt et, saisissant le frein merveilleux, le porte au fils de Coeramus, le devin de ces contrées. Il lui raconte la vision qu'il a eue, comment, docile à ses oracles, il s'est endormi pendant la nuit sur l'autel de la déesse et comment cette fille du dieu, à qui la foudre sert de lance lui a donné elle-même ce frein d'or sous lequel doit plier Pégase. Le devin lui ordonne d'obéir sans retard à ce songe et d'élever un autel à Minerve Équestre (Athéna Hippia), après avoir immolé un taureau au dieu, qui de ses ondes environne la terre.
C'est ainsi que la puissance des dieux rend facile ce que les mortels jureraient être impossible et désespéreraient même d'exécuter jamais. Tressaillant d'allégresse, l'intrépide Bellérophon saisit le cheval ailé : tel qu'un breuvage calmant, le frein dont il presse sa bouche modère sa fougue impétueuse ; alors, s'élançant sur son dos, Bellérophon, revêtu de ses armes, le dresse au combat en se jouant. Bientôt, transporté avec lui dans le vide des airs sous un ciel glacé, il accable de ses traits les Amazones, habiles à tirer de l'arc, tue la Chimère qui vomissait des flammes et défait les Solymes. Je ne parlerai point de la mort de Bellérophon : je dirai seulement que Pégase fut reçu dans les étables de l'immortel roi de l'Olympe. »
Pindare, Odes, Olympiques, XIII.
Une autre version veut toutefois que juste après sa naissance, Pégase aurait été chevauché par Persée pour qu'il échappe à la colère des deux autres gorgones. En chemin, le héros délivrera la princesse Andromède offerte en sacrifice à un monstre marin.
L'épisode le plus célèbre du mythe de Pégase et de Bellérophon est celui de leur victoire sur la Chimère, dont parle déjà Hésiode dans sa Théogonie. Hygin précise que la Chimère, à cette époque, ravageait le pays des Lyciens de ses flammes. Le pseudo-Apollodore précise que le héros Bellérophon accomplit tue le monstre en le survolant et parvient à la victoire grâce à son arc et à ses flèches. Pour Oppien de Syrie, « les chevaux au-delà de toutes les créatures mortelles sont celles à qui la nature ingénue a donné un esprit subtil et du cœur… ainsi, le cheval Pégase a-t-il porté Bellérophon qui tua la Chimère au-dessus des nuages ». Apulée fait référence à ce combat dans L'Âne d'or, lorsqu'il dit que la panique plus que tout avait incité le célèbre Pégase à prendre l'air. La tradition selon laquelle il avait des ailes était justifiée, car il bondit aussi haut que le ciel dans sa peur d'être mordu par la Chimère cracheuse de feu.
Plus tard, Bellérophon, devenu orgueilleux, s'estime digne de rejoindre le séjour des dieux, l'Olympe, avec sa monture.
Après la création de la source Hippocrène, dit Hygin dans ses Astronomiques, et alors qu'il tentait de voler jusqu'au ciel et l'avait presque atteint, Bellérophon s'effraie en regardant la terre, tombe et meurt sur le coup. Pindare dit dans ses Odes que « le cheval ailé Pégase jeta son seigneur Bellérophon de haut vers la terre, lui qui pensait atteindre les demeures du ciel » et Nonnos que « Pégase aux ailes rapides », ce cheval ailé inlassable à la course et passant dans l'air comme une rafale de vent, jeta Bellérophon et l'envoya tête baissée vers le sol. Selon lui, le héros a survécu parce qu'il est du sang de Poséidon, que le cheval lui-même partage. Hygin dit toutefois dans ses Fables que Bellérophon tombe dans les plaines d'Aelia, en Lycie, où il se démet la hanche, et finit donc sa vie estropié.
Horace évoque l'essence de ce mythe en disant que :
« Par un terrible exemple, Pégase, l'animal ailé qui ne put supporter Bellérophon, son cavalier terrestre, t'enseigne à rechercher toujours des objets à ta mesure, et, tenant pour sacrilège d'espérer au-delà des limites permises, à éviter un compagnon mal assorti »
À la Renaissance se répand une version selon laquelle Zeus envoie un taon piquer le cheval, qui désarçonne alors son cavalier : elle est peut-être issue des Mythologiae de Natale Conti.
Mais au final, il existe relativement peu de sources écrites concernant l'arrivée de Pégase sur l'Olympe, son rôle auprès de Zeus et surtout sa transformation en constellation.
Pour Hésiode, Pégase, juste après sa naissance, « s'envolant loin de la terre féconde en troupeaux, parvint jusqu'aux Dieux. Et il habite dans les demeures de Zeus, et il porte le tonnerre et la foudre du sage Zeus ». Sa version est antérieure à l'histoire de Bellérophon et à celle de Pindare, qui précise qu'après la mort de son cavalier, Pégase est reçu « dans les étables de Zeus sur le mont Olympe », continuant (selon Hygin) son ascension interrompue. Dans tous les cas, Pégase atteint l'Olympe et rejoint Zeus. Lorsque ce dernier veut utiliser les éclairs et le tonnerre, c'est Pégase qui les lui apporte depuis la forge d'Héphaïstos, en traversant le ciel.
Pégase est immortel car Zeus le change en constellation. Aratos de Soles dit que l'immense constellation du cheval, c'est Pégase […] « qui fait des cercles dans le ciel de Zeus et est toujours là pour te voir ». Nonnos écrit que Pégase continue à voler là-haut, fendant l'air de ses longues ailes. Pour Ovide, il jouit du ciel que jadis il cherchait à atteindre au galop de ses ailes, et il brille et scintille de ses quinze étoiles.
Certaines versions attestent qu'il aurait porté les 9 muses jusqu'à leur demeure sur le mont Hélicon, ce qui fit de lui le serviteur des poètes. Selon une autre, il fut la monture d'Éros, le dieu de l'Amour.
Pégase aurait eu avec Euippe un enfant du nom de Céléris, associé à la constellation du Petit Cheval.
"Pegasus and Equuleus ", planche 15 du Miroir d'Uranie, un ensemble de cartes célestes accompagnées d'un traité familier d'astronomie par Jehoshaphat Aspin. Londres. Carte astronomique, tirage sur carton. 1825. Eau-forte, coloriée à la main.
Les étoiles de Pégase
MARKAB
α Pegasi, l'une des quatre étoiles du Grand Carré de Pégase, n’est que la troisième étoile la plus brillante de la constellation.
Son nom désormais officiel de Markab (ou Marchab) est une translittération du mot arabe مركب markab « La Selle du Cheval » , ou peut-être une mauvaise translittération de Mankib, qui vient d'une expression arabe منكب الفرس Mankib al-Faras « (l'étoile de) l'Epaule (de la constellation) du Cheval » pour Beta Pegasi.
Markab est classée A0 IV, indiquant qu'il s'agit d'une sous-géante de type A qui a épuisé l'hydrogène en son cœur et est sortie de la séquence principale. Elle se trouve à la fin de son évolution sur la séquence principale, et va probablement entrer dans la phase de combustion de l'hélium d'ici quelques millions d'années, ce qui l'amènera probablement à devenir une géante rouge, avant de finir sa vie en naine blanche. Elle tourne rapidement, avec une vitesse de rotation projetée de 125 km/s. La température effective de sa photosphère est de près de 10 000 K et l'étoile s'est étendue à près de cinq fois le rayon du Soleil.
Scheat
β Pegasi est la deuxième étoile la plus brillante (après Epsilon Pegasi) de la constellation. Elle forme le coin supérieur droit du Grand Carré de Pégase.
Son nom officiel est Scheat, une translittération de l'arabe Al Sā'id « Le Bras Supérieur », ou de Sa'd. Som nom était parfois également utilisé pour Delta Aquarii (bien que le nom offciel de Delta Aquarii soit désormais Skat). Les astronomes arabes l'appelaient aussi Mankib al Faras, signifiant « L'épaule du Cheval ». En chinois, elle était appelée « La Deuxième Etoile du Campemet » (室 宿 二, Shì Xiù èr), 室 宿 (Shì Xiù), étant l’astérisme du Campement, composé de β Pegasi et α Pegasi.
Située à environ 196 années-lumière (60 parsecs), sa classification stellaire est M2.3 II – III, ce qui indique que son spectre a des caractéristiques à mi-chemin entre une étoile géante brillante et une étoile géante. Elle s'est dilatée jusqu'à environ 95 fois la taille du soleil et a une luminosité totale de 1500 fois celle du Soleil. La température effective de son enveloppe externe est d'environ 3 700 K, donnant à l'étoile la teinte rouge-orange caractéristique d'une étoile de type M. Sa photosphère est suffisamment froide pour que des molécules d'oxyde de titane se forment.
Scheat est une variable semi-régulière avec une période de 43,3 jours et une luminosité qui varie en magnitude de +2,31 à +2,74 (en moyenne 2,42). Elle perd une masse à un taux égal ou inférieur à 10 à 8 fois la masse du Soleil par an, ce qui crée une coque de gaz et de poussière en expansion avec un rayon d'environ 16 unités astronomiques (3 500 fois le rayon du Soleil).
" Pégase, Le Petit Cheval et le Dauphin " vus par l'astronome allemand Johann Elert Bode (1747-1826) mais reproduites dans " Les étoiles et les curiosités du Ciel " de Camille Flammarion - 1882.
Algenib
γ Pegasi, officiellement nommée Algenib est l’étoile située au coin sud-est du Grand Carré de Pégase. Sa magnitude visuelle apparente moyenne de +2,84, ce qui en fait la quatrième étoile la plus brillante de la constellation. Sa distance est estimée à environ 390 années-lumière (120 parsecs) avec une marge d'erreur de 5%.
Gamma Pegasi partageait le nom traditionnel d'Algenib avec Alpha Persei mais en 2016, l'Union astronomique internationale donné le nom de Mirfak à Alpha Persei. Algenib était parfois orthographié Al'Genib. Dans l'astronomie hindoue, l'astérisme formé par γ Pegasi et α Andromedae est appelé Uttara Bhādrapadā (उत्तरभाद्रपदा) ou Uttṛṭṭāti. C'est le 26e nakshatra. En chinois, elle est appelée « La Première Étoile du Mur (壁 宿 一, Bìxiù yī), se référant à 壁 宿 (Bìxiù), l’astérisme du « Mur » composé de γ Pegasi et α Andromedae.
Algenib est une variable Beta Cephei avec une période de pulsation radiale de 0,15175 jours (3,642 heures), mais qui présente également le comportement d'une étoile de type B à pulsation lente (slowly pulsating B star aka SPB) avec trois fréquences de pulsation supplémentaires. Anciennement connues comme « (étoiles) variables de type 53 Persei », il s’agit d’un type d'étoile variable pulsante de la séquence principale de type B2 à B9 (c'est-à-dire 3 à 9 fois plus massive que le Soleil) qui pulsent avec des périodes comprises entre une demi-journée et cinq jours environ ; et la plupart des étoiles de ce type combinent plusieurs périodes d'oscillation. Son amplitude de magnitude varie entre +2,78 et +2,89 au cours de chaque cycle de pulsation.
C'est une étoile massive de presque neuf fois la masse du Soleil et près de cinq fois le rayon du Soleil. Sa classification stellaire B2 IV indique qu'il s'agit d'une sous-géante qui épuise son hydrogène en son cœur et est en train de sortir de la séquence principale. Elle tourne soit très lentement sans vitesse de rotation mesurable, soit elle est vue du pôle. Sa luminosité totale est de 5 840 fois celle du Soleil,avec une température de son enveloppe externe de plus de 21 000 K. À cette température, l'étoile brille avec une teinte bleu-blanc.
Alpheratz
Se référer à Alpha Andromedae.
Énif
ε Andromedae est une étoile de magnitude visuelle apparente de 4,4 située à 155 années-lumière qui se rapproche du Soleil avec une vitesse radiale de -84 km/s (du fait d’une orbite très excentrique dans la Voie lactée).
Son nom Enif ou Énif est une translittération de l’arabe الأنف, al-anf « Le Nez (de Pégase) », l'étoile étant en effet placée sur la bouche de Pégase. En chinois , elle est appelée « la Quatrième Etoile des Jambes » (奎 宿 四, Kuí Sù sì), en référence à 奎 宿 (Kuí Sù) l’astérisme des Jambes composé de ε Andromedae, η Andromedae, 65 Piscium, ζ Andromedae, δ Andromedae, π Andromedae, ν Andromedae, μ Andromedae, β Andromedae, σ Piscium , τ Piscium, 91 Piscium, υ Piscium, φ Piscium, χ Piscium et ψ¹ Piscium.
Il s'agit d'une supergéante orange évoluée de type G environ 175 fois plus grande que le Soleil et 11 fois plus massive avec une classification stellaire de G6 III Fe − 3 CH1. La notation du suffixe indique qu'il y a une forte sous-abondance de fer dans le spectre et une surabondance de cyanogène (CN). Elle rayonne 51 fois plus intensément que le Soleil et présente une température de surface de 5 082 K. Dans la dernière phase de son évolution stellaire, elle peut donc être considérée comme une étoile mourante, et, bien qu'Enif n'ait plus que quelques millions d'années devant elle, on ne sait pas si elle va exploser en une supernova ou simplement devenir une naine blanche, car sa masse se trouve à la limite entre les étoiles destinées à exploser et celles destinées à s'effondrer.
Pégase et le Petit Cheval vus par l'astronome allemand Johann Elert Bode (1747-1826) en 1801. Sur 20 grandes gravures sur cuivre Bode a inclus plus de 17 000 étoiles, bien plus que n'importe quel atlas précédent. Il y a représenté plus de 100 constellations, contre 88 officiellement reconnues aujourd'hui. Certains qui sont apparus dans cet atlas pour la première fois, mais qui ne sont pas officiellement reconnus aujourd'hui, comprennent le chat, la presse à imprimer, le ballon Montgolfier et le générateur électrique (constellations alors récemment inventées par Hevelius et Lacaille). Bode avait également inclus 2 500 « nébuleuses », cataloguées par William Herschel.
Essaim météoritIQUe de pégase
Les Pégasides
La pluie de météores des Pégasides de juillet se produit entre le 7 et le 13 juillet. C'est une faible pluie de météoroïdes qui a son pic vers le 9 juillet avec un ZHR (taux horaire zénithal) de seulement 3 météoroïdes par heure. Les météores ont cependant une vitesse d'entrée dans l'atmosphère d'environ 70 km/s.
Le radiant des Pégasie est à environ 5 degrés à l'ouest de l'étoile α Pegasi. L'origine de cet essaim est probablement la comète C / 1979 Y1 (Bradfield), qui a une période orbitale de 300 ans.
Pour l'Europe centrale, le meilleur moment pour les observer est la seconde moitié de la nuit, car le radiant atteint à ce moment une hauteur suffisante sur l'horizon.
Roger Sinnott & Rick Fienberg, Sky and Telescopes