Constellation
de L'HYDRE
Généralement représentée comme un serpent d'eau, l’Hydre est une constellation de l'hémisphère sud étendue sur plus de 100 degrés d’angle, ce qui fait d’elle la plus longue des 88 constellations actuelles, mais aussi la plus vaste, avec 1303 degrés carrés. Son extrémité sud borde la Balance et le Centaure et son extrémité nord borde le Cancer. Elle était déjà incluse parmi les 48 constellations répertoriées par l'astronome Ptolémée au IIe siècle av. J.-C dans l'Almageste.
Etroitement associée au mythe des travaux d'Héraclès, elle fait possiblement écho à une légende babylonienne dans laquelle le héros Gilgamesh tua un monstre à sept têtes.
Constellation de l'Hydre dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690.
Photographie à champ large de l'ensemble de la constellation par Akira Fujii (@Mount David)
Tracé UAI par Jean-Brice Gayet
Vue de l'Hydre dans le Sky Atlas 2000.0 de Tirion
MYTHOLOGIE
La constellation de l'Hydre telle que dessinée par les Grecs est une variante de la constellation babylonienne MUL.DINGIR.MUŠ, qui représentait un serpent et correspondait vaguement à l’Hydre actuelle (deux constellations babyloniennes représentaient des serpents, la seconde étant devenue la constellation grecque du Serpent). Dans la Babylone ancienne, elle représentait une chimère mythologique d'un serpent, d'un oiseau et d'un lion.
La forme de l'Hydre est celle d’un serpent se contorsionnant et se présente comme telle dans certains mythes grecs.
Dans la mythologie grecque, la constellation de l'Hydre est généralement associée au deuxième des travaux d'Héraclès dans la mythologie grecque. Elle semble faire écho à une légende babylonienne dans laquelle le héros Gilgamesh tua un monstre à sept têtes. L’Hydre était une créature géante à plusieurs têtes et le dragon Ladon, qui gardait le jardin des Hespérides, était son frère. Ce-dernier, également tué par Héraclès, est représenté par la constellation du Dragon (Draco), tandis que le héros est immortalisé dans la constellation d'Hercule. Si, dans la mythologie, l’hydre avait neuf têtes dont une était immortelle, l'hydre céleste n’est représentée qu’avec une seule tête (vraisemblablement celle qui était immortelle).
L'Hydre fut engendrée par Typhon et Échidna, puis élevée par Héra sous un platane à proximité de la source Amymone et des marais de Lerne, en Argolide (approximativement face à Nauplie). La Théogonie (en grec ancien Θεογονία), œuvre du poète grec Hésiode (VIIIème siècle av. J.-C.) écrite en hexamètres dactyliques et qui joua un rôle fondateur dans l’élaboration de la mythologie grecque, nous raconte l’histoire suivante :
« Callirhoë, au fond d'une caverne, produisit un autre enfant monstrueux, invincible et nullement semblable aux hommes ou aux dieux, la divine Échidna au coeur intrépide, moitié Nymphe aux yeux noirs et aux belles joues, moitié serpent énorme et terrible, marqué de taches diverses et nourri de chairs sanglantes dans les entrailles de la Terre sacrée. Ce monstre habite un antre profond dans le creux d'un rocher, loin des hommes et des Immortels : c'est là que les dieux lui assignèrent une glorieuse demeure. Renfermée dans Arime, la fatale Echidna vivait sous la terre, toujours affranchie de la vieillesse et du trépas. Typhon, ce vent fougueux et redoutable, s'unit, dit-on, avec cette Nymphe aux yeux noirs, qui, devenue enceinte, enfanta une race courageuse, d'abord Orthos, ce chien de Géryon, ensuite l'indomptable Cerbère, qu'on ne nomme qu'avec effroi, ce gardien d'Hadès, ce dévorant Cerbère à la voix d'airain, aux cinquante têtes, ce monstre impudent et terrible, enfin la fatale hydre de Lerne, que nourrit Héra aux bras d'albâtre, pour assouvir son implacable haine contre Hercule [...] »
La théogonie, Hésiode
Constellations de l'Hydre, de la Coupe et du Sextans .Carte des étoiles de 1776.
Atlas Céleste de Flamsteed de Fortin
Constellations de l'Hydre, de la Coupe et du Corbeau .Carte des étoiles de 1776.
Atlas Céleste de Flamsteed de Fortin
L'Hydre fut décrite de maintes façon par les anciens, qui ne manquèrent pas d’imagination à son sujet : si plupart lui donnèrent un corps de serpent et entre cinq et neuf têtes, certains la décrivirent avec une centaine de têtes. Le Pseudo-Apollodore est plus précis : « Elle était d'une grandeur démesurée ; elle avait neuf têtes, dont huit étaient mortelles, et la neuvième immortelle ». Mais certaines versions diffèrent, lui donnant un corps de chien et neuf têtes de serpent, ou une tête centrale immortelle - « tête intelligente » - en partie faite d'or, dirigeant le corps. L'haleine soufflée par les multiples gueules exhalait un dangereux poison, même pendant le sommeil du monstre. Et certains auteurs précisèrent même qu’à sa naissance, elle ne possédait qu'une tête, immortelle, qui se dédoubla ensuite pour former toutes les autres, mortelles (quelques-unes ou des centaines selon les versions). Enfin, elle vivait dans une caverne près du lac de Lerne.
Héraclès fut envoyé par le roi Eurysthée pour la tuer ; c'était le second de ses « douze travaux » qui lui furent assignés par Eurysthée. Fils de Zeus et d’Alcmène, Héraclès était poursuivi depuis sa naissance par la haine d'Héra, furieuse d'avoir été trompée par son mari. Ainsi, une nuit, la déesse envoya deux serpents pour tuer l'enfant, alors nommé Alcide, mais il tua les des deux vipères grâce à sa force extraordinaire. Tentant d'apaiser sa femme, Zeus décida de renommer Alcide en Héraclès, ce qui signifie « gloire d’Héra », mais cela ne fut pas suffisant, et, dans un moment de folie inspirée par la déesse, Héraclès tua sa femme Mégara et ses fils. Revenu à la raison, il consulta la Pythie pour savoir comment expier sa faute : elle lui conseilla de se mettre au service d'Eurysthée, son cousin et son plus vieil ennemi, et d'accomplir les tâches qu'il lui ordonnerait : Eurysthée, souhaitant se débarrasser de son cousin, fit volontairement le choix de travaux inutiles et qu’aucun homme normal n’aurait été capable d’accomplir. Ce seront les Douze Travaux. Au départ, il n'y en avait que dix, mais Eurysthée estima que le combat contre l'Hydre de Lerne n'était pas valide car Héraclès avait été aidé par Iolaos (son conducteur de char) ; de même pour le nettoyage des écuries d'Augias car il avait demandé à être payé par Augias pour accomplir cette tâche.
Au final, il aura fallu plus de 8 ans au héros pour réaliser tous ces travaux qui l’auront fait voyager dans toute la Grèce.
Hydra (l'Hydre) vue par l'astronome allemand Johann Elert Bode (1747-1826) en 1801. Sur 20 grandes gravures sur cuivre Bode a inclus plus de 17 000 étoiles, bien plus que n'importe quel atlas précédent. Il y a représenté plus de 100 constellations, contre 88 officiellement reconnues aujourd'hui. Certains qui sont apparus dans cet atlas pour la première fois, mais qui ne sont pas officiellement reconnus aujourd'hui, comprennent le chat, la presse à imprimer, le ballon Montgolfier et le générateur électrique (constellations alors récemment inventées par Hevelius et Lacaille). Bode avait également inclus 2 500 « nébuleuses », cataloguées par William Herschel.
Hésiode donne peu d'information sur la mort de l'Hydre :
« [...] Hercule ; mais ce fils de Zeus, armé du glaive destructeur et secondé du vaillant Iolaos, immola cette hydre, d'après les conseils de la belliqueuse Athéna. ».
Mais le pseudo-Apollodore est plus détaillé :
« Le second des travaux qu'il lui ordonna, fut de tuer l'Hydre de Lerne. Cette Hydre, nourrie dans les marais de Lerne, sortait dans les champs ; ravageait le pays et détruisait les troupeaux. Elle était d'une grandeur démesurée; elle avait neuf têtes, dont huit étaient mortelles, et la neuvième immortelle. Hercule monté sur son char, qu'Iolaos conduisait, arriva à Lerne, où il arrêta ses chevaux. Ayant trouvé l'Hydre sur une petite élévation, près des sources de la fontaine Amymone où était son repaire, il la força à en sortir en lui lançant des traits enflammés. Il la saisit alors et l'arrêta : mais, s'étant entortillée autour d'un de ses pieds, elle l'entravait lui-même. Il frappait ses têtes à coups de massue, et cela ne servait de rien, car pour une qu'il abattait, il en renaissait deux : de plus, un crabe monstrueux prêtait secours à l'Hydre en le mordant au pied, il commença donc par tuer le crabe ; il appela ensuite à son aide Iolaos, qui ayant mis le feu à une partie de la forêt voisine, brûlait avec des tisons enflammés les têtes à mesure qu'elles repoussaient, et les empêchait de renaître. Etant ainsi parvenu à détruire ces têtes renaissantes, il enterra celle qui était immortelle sur le chemin de Lerne à Eléonte, et mit une très grosse pierre dessus. Ayant ensuite ouvert son corps, il trempa la pointe de ses flèches dans son fiel. Eurysthée ne voulut point que cette action fut comptée dans les douze travaux, parce que, pour détruire l'Hydre, il avait eu besoin du secours d'Iolaos. »
Héraclès trempa ses flèches dans le sang de la bête afin de rendre mortelle leur blessure. Ce sang entrera dans la composition du philtre empoisonné que le centaure Nessos, en mourant, offrit à Déjanire et c’est ce poison qui provoquera la mort d'Héraclès, mais aussi la mort des centaures Chiron et Nessos, de Géryon. Héraclès les léguera à son compagnon Philoctète et, ce dernier s'étant blessé avec l'une d'elle, tombera malade et sera rejeté par les Grecs en route vers Troie.
Le sang de l'Hydre se serait déversé dans les eaux du fleuve Anigros et leur aurait donné une odeur pestilentielle.
Il est intéressant de remarquer que la liste « canonique » des douze travaux est fixée dès l'époque hellénistique en se référant à la liste des travaux représentés sur les douze métopes sculptées du temple de Zeus à Olympie (panneau architectural de forme rectangulaire, le plus souvent décoré de reliefs. Elle est située au-dessus de l'architrave, en alternance avec les triglyphes (dans l'ordre dorique), datant de la première moitié du Ve siècle av. J.-C. Elle comprend deux séries : les travaux effectués dans le Péloponnèse et ceux qui prennent place dans le reste du monde.
Superposition de la constellation avec la représentation de l'Hydre, de la Coupe et du Corbeau par Hévélius. La distorsion du ciel par l'objectif à grand champ large explique la mauvaise superposition de la queue.
Un autre mythe associe l'Hydre aux constellations voisines du Serpent, de la Coupe et du Corbeau. Les circonstances de ce catastérisme auraient été les suivantes : Apollon, voulant faire un sacrifice, à Zeus, envoya le Corbeau avec une Coupe chercher de l'eau, mais il s'arrêta en chemin sur un figuier pour en attendre la maturité des fruits et en manger les figues. Plutôt que d'avouer la vérité à Apollon, il lui mentit en prétendant avoir été retenu par un serpent, l'Hydre, qui l'aurait empêcher d'accéder à l'eau, serpent qu'il tenait dans ses serres en guise de preuve. Apollon, réalisant qu'il mentait, propulsa le Corbeau, la Coupe et le Serpent (l'Hydre) dans le ciel. Il punit en outre l'oiseau rebelle en s'assurant qu'il ait éternellement soif, tant dans la vraie vie que dans le ciel, de telle sorte que la Coupe soit tout juste hors de sa portée, et il chargea le serpent de l'empêcher de boire.
La coupe est associée à la constellation de la Coupe (Crater) et depuis, dans le ciel, le serpent d'eau (Hydra) empêche éternellement le corbeau (Corvus) de boire l'eau de la coupe (Crater).
Ératosthène et Ptolémée appelaient tous les deux la constellation de façon légèrement approximative Ὕδρος » (Hydros) alors qu'il s'agit de la forme masculine du nom et que ce serpent d'eau est une forme féminine ; C’est Aratus qui utilisa correctement la forme féminine « Yδρη » (Hydra), et il y a d’ailleurs aussi un serpent d'eau mâle dans le ciel, la petite constellation australe de l’Hydre, introduite par les navigateurs hollandais à la fin du XVIe siècle.
Les Latins désignaient quant à eux la constellation de l'Hydre par les noms d'Anguis et de Serpens aquaticus.
depuis, dans le ciel, le serpent d'eau (Hydra) empêche éternellement le corbeau (Corvus) de boire l'eau de la coupe (Crater). Miniature extraite de Bode.
Dans la mythologie hindoue, l'étoile qui équivaut à l’Hydre est Ashlesha.
La tête de l’Hydre était connue sous le nom de «Min al Az'al», signifiant «appartenant à l'endroit inhabité» en arabe.
Dans l'astronomie chinoise, l’Hydre contenait trois constellations qui ont données leur nom aux Loges Lunaires. La première d'entre elles était Liu, également connue sous le nom de la 24e Loge Lunaire. Liu se composait des étoiles que nous visualisons à la tête de l’Hydre (Theta, Omega, Zeta, Rho, Epsilon, Delta, Sigma et Eta Hydrae) mais dans l'astronomie chinoise, elle marquait la tête de l'Oiseau Vermillon du Sud. Liu signifiant saule, symbole traditionnel du deuil et de la renaissance, il peut être significatif dans ce contexte que la Loge Lunaire précédente (dans le Cancer) ait été appelé Les Fantômes. Les constellations chinoises avaient souvent plus d'une signification, et dans le cas de Liu, elle aurait également représenté un chef. Il est idéalement placé dans le ciel, immédiatement au nord de Waichu, La Cuisine Extérieure, où les animaux étaient préparés pour le sacrifice. Waichu se composait d'un anneau de six étoiles, dont C et F Hydrae.
Au sud de Waichu se trouvait une seule étoile (probablement 12 Hydrae, bien qu'également identifiée dans certaines sources comme Lambda Velorum) appelée Tianji, représentant un évaluateur qui devait décider si les animaux étaient assez vieux pour être sacrifiés. On retrouve ainsi un exemple assez typique du Ciel Chinois, où plusieurs constellations d’une même zone composent un thème?
A proximité de la queue de l’Hydre, Gamma et Pi Hydrae formaient Ping, représentant un juriste ou un juge de la cour d'appel. Deux autres constellations chinoises, près de la pointe de la queue de l'Hydre présentaient aussi un thème juridique : Dunwan (peut-être 54 et 58 Hydrae, mais aussi placée par certains dans Lupus) qui symbolisait les procès et les interrogatoires et Zhewei, sept étoiles pâles à cheval sur la frontière avec la Balance, représentant des bourreaux ou des décapitations.
"Noctua, Corvus, Crater, Sextans Uraniae, Hydra, Felis ", planche 32 du Miroir d'Uranie, un ensemble de cartes célestes accompagnées d'un traité familier d'astronomie par Jehoshaphat Aspin. Londres. Carte astronomique, tirage sur carton. 1825. Eau-forte, coloriée à la main.
Les étoiles de l'Hydre
ALPHARD
Alphard désign α Hydrae, l'étoile la plus brillante de la constellation de l'Hydre. C'est une étoile géante, plus froide que le soleil mais plus grande et plus lumineuse située à environ 177 années-lumière.
Le nom traditionnel Alphard vient de l'arabe الفرد (al-fard), "La Solitaire", car il n'y a pas d'autres étoiles brillantes à proximité. Elle était également connu sous «L'épine Dorsale du Serpent» chez les Arabes. Dans le catalogue des étoiles du Calendarium d'Al Achsasi Al Mouakket, elle était désigné Soheil al Fard, qui a été traduit en latin par Soheil Solitarius, signifiant le brillant solitaire.
L'astronome européen Tycho Brahe l'a surnommé Cor Hydræ, en latin pour «le cœur de l'Hydre».
En chinois, 星宿 (Xīng Xiù) signifiant Etoile (l'une des vingt-huit Loges des constellations chinoises. C'est l'une des Loges les plus au sud de l'Oiseau Vermillon), fait référence à un astérisme composé d'Alphard, τ1 Hydrae, τ2 Hydrae, ι Hydrae, 26 Hydrae, 27 Hydrae, HD 82477 et HD 82428. Alphard elle-même est connue sous le nom de 星宿 一 (Xīng Xiù yī), "La Première Etoile de l'Etoile".
Alphard fait 3 Mo. Son âge estimé est de 420 millions d'années et elle s'est éloignée de la séquence principale pour devenir une étoile géante, avec une classification spectrale de K3 et une classe de luminosité entre II et III. Le diamètre angulaire a été mesuré par interférométrie, donnant une valeur de 9,09 ± 0,09 milli-arcsecondes, battue uniquement par Betelgeuse et R Doradus. Elle fait 50 fois le rayon du Soleil.
Le spectre d'Alphard montre un léger excès en baryum, un élément qui est normalement produit par le processus s de nucléosynthèse. En règle générale, une étoile barytée appartient à un système binaire où les anomalies d'abondance sont expliquées par le transfert de masse d'une étoile naine blanche compagne.
Des mesures précises de vitesse radiale ont montré des variations des vitesses radiales stellaires et des profils de raies spectrales. Les oscillations sont multi-périodiques avec des périodes de plusieurs heures à plusieurs jours. Il semble que ces oscillations à court terme soient le résultat de pulsations stellaires, similaires à celles du soleil. Une corrélation entre les variations de l'asymétrie du profil des raies spectrales et la vitesse radiale a également été trouvée. Les oscillations multi-périodiques font de Alphard un objet d'intérêt pour les études astérosismologiques.
Beta Hydrae
β Hydrae est une étoile double dont la magnitude visuelle apparente globale varie de 0,04 magnitude avec une période de 2,344 jours avec une la luminosité maximale de 4,27. L'étoile la plus brillante de la paire est une étoile géante Bp qui a été classée en tant que variable α2 Canum Venaticorum.
Beta Hydrae était aussi désignée comme 28 Crateris.
Gamma Hydrae
γ Hydrae est une étoile de magnitude visuelle apparente de 3,0, la plaçant seconde en luminosité parmi les membres de cette constellation généralement faible. Hipparcos estime sa distance à 133,8 années-lumière (41,0 parsecs) de la Terre.
Son spectre stellaire la classe G8 III, la classe de luminosité III indiquant qu'elle a évolué en une étoile géante après avoir épuisé l’hydrogène de son noyau. Elle a près de trois fois la masse du Soleil et 16 fois son rayon. Elle rayonne 115 fois la luminosité du Soleil depuis son atmosphère extérieure, avec une température effective de 5 019 K. Cette température lui donne la lueur jaune d'une étoile de type K. Si elle atteint un stade avancé de son évolution, elle est considérablement plus jeune que le Soleil avec un âge d'environ 372 millions d'années, car les étoiles de masse plus élevée consomment leur combustible nucléaire à un rythme plus rapide.
Gravure du 17e siècle de l'Hydre extraite de l'Uranométrie, un atlas d'étoiles publié en 1603 par l'astronome allemand Johann Bayer (Uranometria Omnium Asterismorum). Il contenait un total de 51 cartes d'étoiles, tracées en utilisant les observations les plus précises de l'époque. Ce fut le premier atlas d'étoiles à utiliser des grilles de référence sur ses cartes, et le premier à utiliser des lettres grecques pour identifier des étoiles individuelles, bien qu'il ait conservé les représentations mythologiques traditionnelles des constellations.
Delta Hydrae
δ Hydrae est une étoile double visible à l'œil nu avec une magnitude visuelle apparente de 4,146 située à environ 160 années-lumière du Soleil.
Le composant le plus brillant est une étoile de séquence principale de type A avec une classification stellaire A1 Vnn. Elle tourne rapidement, avec une vitesse de rotation projetée de 285 km/s. Cela donne à l'étoile une forme aplatie avec un renflement équatorial 20% plus grand que le rayon polaire. Elle fait 2,88 fois la masse du Soleil et 2,7 fois son rayon. Agée d’environ 244 millions d'années, elle rayonne 42,7 fois la luminosité solaire et son atmosphère externe à une température effective de 11 055 K. Son compagnon a une magnitude visuelle de 11,15.
Dans le catalogue des étoiles du Calendarium d'Al Achsasi Al Mouakket, cette étoile était appellée Lisan al Shudja, qui a été traduit en latin par Lingua Hydri, signifiant la Langue du Serpent. Cette étoile, avec ε Hya, ζ Hya, η Hya, ρ Hya et σ Hya (Minchir), étaient Min al Azʽal d'Ulugh Beg, «appartenant à l'endroit inhabité».
En chinois, 柳 宿 (Liǔ Sù, signifiant le Saule - astérisme), fait référence à un astérisme composé de δ Hydrae, σ Hydrae, η Hydrae, ρ Hydrae, ε Hydrae, ζ Hydrae, ω Hydrae et θ Hydrae. δ Hydrae elle-même était connue sous le nom de 柳 宿 一 (Liǔ Sù yī), « La Première Etoile du Saule.
Eta Hydrae
Avec une magnitude visuelle apparente de 4,3, elle est visible à l'œil nu. Cependant, c'est la plus faible des cinq étoiles qui forme la "tête" de l'hydre. Elle est située à environ 590 années-lumière du Soleil.
Il s'agit d'une étoile de séquence principale de type B avec une classification stellaire de B3V. Son spectre montre une légère sous-abondance de carbone, par rapport au Soleil. Agée d’environ 32 millions d'années, elle tourne avec une vitesse de rotation de 101 km s. Elle fait environ sept fois la masse du Soleil et près de quatre fois son rayon. Eta Hydrae rayonne 2 680 fois la luminosité solaire et son atmosphère extérieure a une température effective de 18 630 K.
Avec δ Hya (Lisan al Sudja), ε Hya, ζ Hya, ρ Hya et σ Hya (Minchir), elles étaient Min al Azʽal d'Ulug Beg, "appartenant à l'endroit inhabité".
En chinois, 柳 宿 (Liǔ Sù) fait référence à l’astérisme du Saule composé de η Hydrae, δ Hydra, σ Hydrae, ρ Hydrae, ε Hydrae, ζ Hydrae, ω Hydrae et θ Hydrae. η Hydrae était connue sous le nom de 柳 宿 三 (Liǔ Sù sān), La Troisième Etoile du Saule.
Les habitants de Groote Eylandt (la plus grande île du golfe de Carpentarie et la quatrième plus grande île d'Australie, c'est la patrie des Warnindhilyagwa qui parlent la langue Anindilyakwa). l’appelaient Unwala, "Le Crabe", pour l'amas d'étoiles comprenant cette étoile, δ Hya (Lisan al Sudja), ε Hya, ζ Hya, ρ Hya et σ Hya (Minchir).
Ashlesha
ε Hydrae est un système d'étoiles multiples de troisième magnitude combinée situé à environ 129 années-lumière (40 parsecs) du Soleil.
Le système est constitué d'une paire binaire désignée Epsilon Hydrae AB, dont les deux composants sont eux-mêmes désignés Epsilon Hydrae A (officiellement dénommé Ashlesha) et B, mis en orbite par un binaire spectroscopique désigné Epsilon Hydrae C. Un quatrième composant possible, désigné Epsilon Hydrae D, partage un mouvement propre commun avec les autres composants et est donc très probablement un membre gravitationnel du système.
Dans l'ancienne astronomie indienne, l'amas de cinq étoiles de l'Hydre était collectivement appelé आश्लेषा āślēṣā, "l'étreinte", le 9 des 27 nakshatras ou loges lunaires en astrologie hindoue.
Ce système, ainsi que Delta Hydrae (Lisan al Sudja), Zeta Hydrae, Eta Hydrae, Rho Hydrae et Sigma Hydrae (Minchir), étaient Min al Azʽal d'Ulug Beg, "Appartenant à l'endroit inhabité".
En chinois, Epsilon Hydrae était connue sous le nom de 柳 宿 五 (Liǔ Sù wǔ) : La Cinquième Etoile du Saule.
Elle faisait partie d’Unwala, "Le Crabe", nom donné par les habitants de Groote Eylandt au groupe d'étoiles dont elle faisait partie avec Delta Hydrae (Lisan al Sudja), Zeta Hydrae, Eta Hydrae, Rho Hydrae et Sigma Hydrae (Minchir).
Les constellations de l'Hydre, du Corbeau et de la Coupe du Globe Céleste de Mercator de 1551 (Collection d'Harvard)
Zeta Hydrae
Etoile solitaire avec une magnitude visuelle apparente de +3.10, ζ Hydrae est le troisième membre le plus brillant de la constellation après Alphard et Gamma Hydrae. Sa distance est estimée à environ 157 ± 3 années-lumière (51 parsecs). Sa magnitude visuelle est diminuée de 0,03 en raison de l'extinction par des gaz et de la poussière. Delta Hydrae est située à environ 12,9 années-lumière (4,0 parsecs) de Zeta Hydrae et est peut-être un objet co-mobile.
De type G9 II-III, c'est une étoile géante évoluée qui rayonne 132 fois la luminosité du Soleil avec une température effective de 4 925 K. À cette température, l'étoile brille avec la teinte jaune d'une étoile de type G. Le rayon de cette étoile mesuré par interférométrie est environ 18 fois le rayon du Soleil. Elle fait environ 4,2 fois la masse du Soleil et est âgée d'environ 400 millions d'années.
Cette étoile, avec δ Hya (Lisan al Sudja), ε Hya, η Hya, ρ Hya et σ Hya (Minchir), était Min al Azʽal d'Ulug Beg, "appartenant à l'endroit inhabité".
En chinois, ζ Hydrae était connue sous le nom de 柳 宿 六 (Liǔ Sù liù), La Sixième Etoile du Saule.
Elle faisait partie d’Unwala, "Le Crabe", nom donné par les habitants de Groote Eylandt au groupe d'étoiles dont elle faisait partie avec δ Hya (Lisan al Sudja), ε Hya, η Hya, ρ Hya et σ Hya (Minchir).
Theta Hydrae
θ Hydrae est une d'étoile binaire visible à l'œil nu avec une magnitude visuelle apparente de 3,9. Le système stellaire a un mouvement propre élevé avec un décalage annuel de parallaxe de 28,4 mas, indiquant une distance d'environ 115 années-lumière.
Le composant principal du système est une étoile de la séquence principale de type B9,5 V. Il s'agit d'une étoile candidate Lambda Boötis, indiquant qu'elle affiche une sous-abondance d'éléments du pic du fer. Cependant, elle présente également une sous-abondance en oxygène, une caractéristique que ne partagent pas les autres étoiles Lambda Boötis ; il pourrait donc s'agir d'une étoile de type B particulier.
Un compagnon de type naine blanche a été découvert en 1998 à partir de son émission de rayons X. Cette étoile dégénérée doit avoir évolué à partir d'un progéniteur qui était autrefois plus massif que l'actuel primaire. Sa masse est estimée entre 0,68 fois et 1.21 fois la masse du Soleil selon les auteurs.
Ukdah
ι Hydrae est une étoile située à environ 8° au nord-nord-ouest d'Alphard et juste au sud de l'équateur céleste. Visible à l'œil nu, il s'agit d'une étoile variable suspectée avec une magnitude visuelle apparente comprise entre 3,87 et 3,91. Selon les données Hipparcos, elle est situé à environ 263 années-lumière du Soleil.
Cette étoile formait avec Tau¹ Hydrae, Tau² Hydrae et 33 Hydrae (A Hydrae) les Καμπή (Kampē) de Ptolémée; mais Kazwini les connaissait sous le nom de عقدة ʽuqdah (ou ʽuḳdah) "Le Noeud".
En chinois, 柳 宿 (Xīng Sù, "L’Etoile"), fait référence à un astérisme composé de ι Hydrae, Alphard, τ1 Hydrae, τ2 Hydrae, 26 Hydrae, 27 Hydrae, HD 82477 et HD 82428. ι Hydrae est connue sous le nom de 星宿 四 (Xīng Sù sì) : "La Quatrième Etoile de l'Etoile".
Il s'agit d'une étoile géante évoluée de type K classée K2.5 III. C'est une étoile à baryum, c’est-à-dire une géante rouge de type spectral G ou K dont le spectre indique une surabondance d'éléments chimiques issus du processus s à travers la présence de la raie Ba II à λ = 455,4 nm du baryum ionisé une fois Ba+. Iota Hydrae fait presque deux fois la masse du Soleil et 33 fois le rayon du Soleil. Elle est âgée d’environ 2,5 milliards d'années et tourne avec une vitesse de rotation projetée de 4,5 km/s. Il semble qu’elle fasse partie du groupe d'étoiles mobiles Wolf 630 (qui présentent une trajectoire commune).
Roger Sinnott & Rick Fienberg, Sky and Telescopes