Depuis ce temps,
la Balance est associée au droit, à l'équité et à la civilité, et il est probable que cette symbolique se soit d'emblée référée au fait que la durée des jours et des nuits devenait égale lorsque le soleil se trouvait dans cette portion de l'écliptique (à l'équinoxe d'automne), bien que cet emplacement ait cessé de coïncider avec la constellation vers 730 ap JC en raison de la précession des équinoxes.
Constellation
de la BALANCE
Observable dans l'hémisphère nord entre janvier et juillet, la Balance est une constellation modeste qui ne contient aucune étoile de première magnitude.
Représentant tour à tour des balances, les pinces de la constellation du Scorpion adjacente ou un bateau, la Balance était déjà connue dans l'astronomie babylonienne sous le nom de Mul Zibanu ("les balances" ou "l'équilibre"). Elles représentaient pour les Babyloniens l'attribut sacré du dieu solaire Shamash, qui était le patron de la vérité et de la justice. Mais elles étaient aussi déjà considérées comme les Griffes du Scorpion, tout comme dans la Grèce antique.
Constellation de la Balance (Libra) dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690.
La constellation de la Balance. A Celestial Atlas comprenant une série de trente cartes illustrées par une description scientifique de leur contenu et accompagnées de catalogues d'étoiles et d'exercices astronomiques. Alexander Jamieson. 1822
" Libra", la Balance. Planche 22 du Miroir d'Uranie, un ensemble de cartes célestes accompagnées d'un traité familier d'astronomie par Jehoshaphat Aspin. Londres. Carte astronomique, tirage sur carton. 1825. Eau-forte, coloriée à la main.
Dans l'Égypte ancienne, les trois étoiles les plus brillantes de la Balance (α, β et σ Librae) formaient une constellation qui était considérée comme un bateau.
La Balance n'était ni mentionnée par Eudoxe ni par Aratos de Sole dans dans leur liste des constellations , alors qu'elle l'était par Manetho (3ème siècle avant J.-C.) et Geminus (1er siècle avant J.C.), et qu'elle est incluse par Ptolémée dans ses 48 astérismes.
Ptolémée y a catalogué 17 étoiles, Tycho Brahe 10 et Johannes Hevelius 20.
Elle devient "officiellement" une constellation dans la Rome antique, où elle représente les balances détenues par Astrée, la déesse de la justice (associée à la Vierge dans la mythologie grecque), dans le calendrier Julien en 46 av JC.
Symbolisme
La Balance est étroitement liée à la balance de la justice, et notamment à celle de Thémis.
La Justitia latine est une divinité dont les attributs se retrouvent chez plusieurs divinités de la mythologie grecque et romaine qui ne lui sont pas exactement équivalentes.
La première, Thémis, Fille de Gaïa (la Terre) et d’Ouranos (le Ciel), était l'incarnation de l'ordre divin, de la loi et de la coutume : elle personnifiait la justesse divine de la loi. Elle est une rescapée du combat cosmogonique entre les Titans et les dieux dont Zeus fut le vainqueur. Première épouse du père des dieux, elle demeure à ses côtés lors des prises de décisions relevant de la justice divine. Thémis évoque ainsi la force de la permanence et de l'impartialité, par contraste avec la future femme de Zeus, possédée par une jalousie dévorante, Héra. Elle est représentée armée d’un glaive et tenant une balance (cette posture peut varier, de manière plus ou moins ostentatoire). Ses couleurs vestimentaires sont dominées par le blanc, symbole de pureté et de candeur (« candide » en latin signifie « blanc »), le noir et le pourpre.
La seconde, Eunomie, fille de Zeus et de Thémis, était l'une des trois Heures mentionnées par Hésiode. Elle personnifiait la Loi et l'Ordre, et par extension la justice humaine dans son aspect légal.
Sœur d'Eunomie, Dicé personnifiait la justice humaine en général et notamment dans son aspect répressif, celui du châtiment et de l'application des peines. On imaginait cette divinité tenant une balance comme le rappelle ce vers extrait d'un fragment ayant survécu d'un poème de Bacchylide : « Si quelque dieu avait tenu en équilibre la balance de Diké ».
Dans la mythologie grecque, Tyché (en grec ancien Τύχη / Túkhê, « chance ») est la divinité tutélaire de la fortune, de la prospérité et de la destinée d'une cité ou d'un État. Son équivalent romain est Fortuna et son équivalent germanique est Heil, le Salut de l'âme.
Dans la mythologie grecque, Némésis (en grec ancien Νέμεσις / Némesis) est la déesse de la juste colère des dieux, parfois assimilée à la vengeance. Le nom de Némésis dérive du terme grec νείμειν / neímein, signifiant « le don de ce qui est dû ». La mythologie romaine en reprend un aspect sous la forme d'Invidia, soit « l'indignation devant un avantage injuste ». Elle est aussi interprétée comme étant un messager de mort envoyé par les dieux comme punition.
Enfin, Fortuna est une divinité italique allégorique du hasard, de la chance. Son nom dérive du latin fors qui signifie « sort ». Elle est identifiée à la Tyché grecque.
Les attributs de Justice sont empruntés à Thémis, Dicé, Tyché et Némésis.
Le bandeau qui couvre les yeux de Justice est un symbole d'impartialité : la justice comme l'impartialité est aveugle.
Les yeux bandés furent initialement un attribut de la déesse grecque hellénistique Tyché (le Destin) et se retrouvent chez son équivalent, la déesse romaine Fortune (la Chance). Le bandeau ne fut attribué à la Justice latine que plus tardivement.
Le glaive est l’épée de Némésis (la Vengeance) et symbolise l'aspect répressif de la justice, l'application des peines. Chez la Justitia romaine, le glaive romain a remplacé l'épée. Tenu dans la main droite, il symbolise aussi le pouvoir de la justice qui tranche les problèmes et litiges. Le glaive symbole de puissance, rappelle quant à lui que la justice n’est rien sans la force qui permet de la faire appliquer. Le glaive désigne ainsi ce que juger peut avoir de douloureux. Mais il est à double tranchant car les puissances de la raison et de la justice peuvent s'exercer aussi bien en faveur qu'au détriment de chacune des parties.
Justice est le plus souvent représentée tenant, dans la main gauche, une balance sur laquelle elle soupèse les forces de soutien et d'opposition dans une affaire (principe de contradiction juridique). Elle vient de la balance de Thémis est une balance composée de deux plateaux suspendus à un fléau, constituant l'un des attributs de Thémis, et en tant que tel elle est symbole de l'équité et exprime celle-ci dans le véritable symbole de la justice qui est un glaive (justice) sous contrainte de l'équité (balance).
La balance constitue le symbole le plus ancien de la fonction de juger. Elle est par exemple présentée dans plusieurs mythologies antiques (notamment en Egypte ancienne) comme un moyen de peser les âmes après la mort pour déterminer la valeur d’un individu. La balance fait référence à l’idée d’équilibre et de mesure : elle rappelle ainsi tant l’objectif de la justice que le moyen d’y parvenir. Elle symbolise aussi l’impartialité nécessaire au fonctionnement de la justice, qui ne doit pencher en faveur d’aucune des parties.
Le livre, enfin, symbolise les textes de lois.
Les étoiles de la Balance
ZubenElgenubi
Zubenelgenubi ou Zuben Elgenubi est une translittération de l'arabe ّالزُبَانَى الجَنُوبِي al-zubānā al-janūbiyy qui signifie « la griffe du sud », qui se réfère à un temps avant que la Balance ne soit reconnue comme une constellation distincte de Scorpius. Le nom alternatif de Kiffa Australis (Elkhiffa Australis) est une translittération latine partielle de l'arabe al-kiffah al-janubiyyah الكفة الجنوبية et qui représentait « le plateau du sud [de la balance] ». Un autre nom parfois retrouvé dans les textes d'astronomie plus anciens, équivalent à « plateau du sud », était Lanx Australis.
En chinois, Zubenelgenubi était « la Première Etoile de la Racine » (氐 宿 一 Dī Xiù yī), se référant à l’astérisme 氐 宿 (Dī Xiù), « la Racine », composé de α2 Balance, ι Balance, γ Balance et β Balance.
Située à environ 77 années-lumière (24 parsecs) alpha Librae est un double optique probablement lié gravitationnellement. Le composant le plus brillant, α2 Librae, étoile blanche de type spectral A3, et de luminosité apparente de 2,8, est lui-même un système binaire spectroscopique. Le deuxième composant, α1 Librae, étoile de type F4 de luminosité apparente 5,2, est séparé du système primaire d'environ 5400 UA. (à cette distance, elles devraient orbiter l'une autour de l'autre en plus de 200 000 ans). C'est lui aussi une binaire spectroscopique, avec une période orbitale de 5 870 jours et une séparation angulaire de 0,383 secondes d'arc, soit environ 10 UA. Le système pourrait avoir un cinquième composant, l'étoile KU Librae, à une séparation de 2,6 °, formant ainsi un système d'étoiles quintuple hiérarchique (un système hiérarchique est un système multiple d'étoiles et de planètes répartis en plusieurs sous-systèmes imbriqués). KU Lib partage son mouvement avec le système Alpha Librae, mais est séparé des autres étoiles d’environ un parsec ; Il est toutefois suffisamment proche pour être gravitationnellement lié aux autres éléments, mais présente une métallicité sensiblement différente.
Les deux membres les plus brillants d'Alpha Librae font probablement partie du Groupe Mouvant de Castor, un ensemble d'étoiles comportant des vitesses similaires dans l'espace et qui aurait une origine commune estimée à 200 millions d’années. Parmi les autres étoiles identifiées comme faisant partie du groupe figurent Castor, Fomalhaut, Véga et α Cephei ; elles sont toutes du même âge.
ZubenEschamali
β Librae, Zubeneschamali est (malgré sa désignation «beta») l'étoile la plus brillante de la constellation. Sa distance est estimée à 185 années-lumière (57 parsecs) et sa magnitude visuelle apparente de 2,6. Selon Eratosthenes, β Librae était plus brillante qu'Antarès. Ptolémée, 350 ans plus tard, déclarait quant à lui qu'elle était aussi brillant qu'Antarès. L'écart peut être dû au fait qu'Antares devient plus brillant, sans que l’on ne sache pourquoi, ou simplement être causé par le fait que Beta Librae est une étoile variable, montrant une variabilité actuelle de magnitude de 0,03.
Zubeneschamali (dont des appellations moins courantes sont Zuben Eschamali, Zuben el Chamali, Zubenesch, Zubenelg) dérive de l'arabe ّالزُبَانَى الشَم āšamal, nom donné à une époque où la Balance représentait les « griffes du scorpion ». Elle était aussi appelée Kiffa Borealis, est un translittération latinisée de l'arabe al-kiffah aš-šamāliyy « la balance nord (des plateaux) » avec son équivalent latin Lanx Borealis.
En chinois, elle s’appelait « la Quatrième Etoile de la Racine » (氐 宿 四, Dī Xiù sì). 氐 宿 (Dī Xiù), qui signifie Racine, faisait référence à un astérisme composé de β Balance, α2 Balance, ι Balance et γ Balance.
De classification stellaire de B8 V, c’est une étoile de la séquence principale de type B. Elle est environ 130 fois plus lumineuse que le Soleil et sa température de surface est de 12300 K (le double de celle du Soleil). Cette température élevée produit de la lumière avec un spectre simple, ce qui la rend idéale pour examiner le gaz interstellaire et la poussière situées entre la Terre et l'étoile. Comme beaucoup d'étoiles de son genre, elle tourne rapidement, plus de 100 fois plus vite que le Soleil avec une vitesse de rotation projetée de 250 km/s. Son diamètre est d'environ 4,9 fois le rayon du Soleil. Ce type d'étoile massive fusionnant l'hydrogène apparaît souvent bleue bleuâtre.
Les petites variations périodiques de la magnitude de la Bêta Balance suggèrent la présence d'un compagnon qui n'est pas directement observable depuis la Terre.
Zubenelhakrabi
γ Librae est une binaire de magnitude visuelle apparente de +3,91 située à 163 années-lumière. Son composant principal (désigné Gamma Librae A) a été officiellement nommé Zubenelhakrabi, le nom traditionnel du système.
Zubenelhakrabi (également écrit Zuben (el) Hakrabi, Zuben-el-Akrab et transformé en Zuben Hakraki) est une translittération de l'arabe زبانى العقرب Zubān al-ʿAqrab « les griffes du scorpion », un nom à rapporter à l’époque où la Balance faisait partie intégrante du Scorpion. Zubenelhakrabi est le composant Gamma Librae A. En chinois, elle était appelée « la Troisième Etoile de la Racine" (氐 宿 三 (Dī Xiù sān).
La primaire Aa de couleur jaune est une étoile géante évoluée de type G de classification stellaire G8.5 III âgée de 4,3 milliards d'années. Elle fait 1,15 fois la masse du Soleil et fait 11,14 fois le rayon du Soleil. L'étoile rayonne environ 72 fois la luminosité du Soleil depuis sa photosphère avec température effective de 4 786 K. Elle présente un compagnon visuel de magnitude 11,2, le composant B, avec une séparation angulaire de 42,5 secondes d'arc.
À sa distance, la magnitude visuelle est diminuée de 0,11 par une extinction due à la poussière interstellaire. Le système se rapproche du Soleil avec une vitesse radiale de -26,71 km / s. [4]
Parce que l'étoile se trouve près de l'écliptique, elle est sujette à des occultations par la Lune, ce qui permet d’en mesurer la taille angulaire.
Zuben Elakribi
δ Librae est une étoile variable. Avec μ Vir, elle forme l'une des Loges Lunaires akkadiennes Mulu-izi (signifiant « l'Homme de feu » ).
δ Lib est située à environ 300 années-lumière. Il s'agit d'un système d'étoiles binaires à éclipses de type Algol, avec une période de 2,3274 jours et une excentricité de 0,07. Sa magnitude apparente varie de 4,91 m à 5,9 m. Le composant A principal est classée B9.5V, ce qui signifie qu'il s'agit d'une étoile de la séquence principale de type B. Avec une magnitude visuelle apparente de 4,93, elle se rapproche du Soleil à une vitesse radiale de -39 km/s. Le secondaire remplit le Lobe de Roche et il y a des éléments de transfert de masse à grande échelle dans le passé, l'étoile étant plus évoluée que la primaire.
l'étoile MathusaleM
HD 140283, surnommée l'étoile Mathusalem, est l'une des plus vieilles étoiles connues de la Voie lactée.
Roger Sinnott & Rick Fienberg, Sky and Telescopes